Si il y a un post que j’ai rêvé d’écrire, c’est bien celui-là !


Depuis que Gérald m’a proposé d’aller au Cervin, et surtout depuis que j’ai compris qu’il ne plaisantait pas, cette foutue montagne ne m’est pas sortie de la tête. Comme j’ai saoûlé mon entourage avec ça, les pauvres … bref, cette fois ça y est, fenêtre météo excellente, de la place à la cabane, 10 jours d’acclimatation dans les hauteurs… on enfile les grosses et c’est parti !
Pål est accompagné par Bertrand, un guide super sympa que nous rencontrons pour la première fois. Le courant passe tout de suite ! Quand nous arrivons à la cabane (l’accueil et la gestion de cet établissement est tellement déplorable que cela mériterait un post à lui tout seul, je n’ai pas envie de polluer celui-ci avec des considérations négatives.. ) Gérald me montre la voie et tente de m’expliquer par où ça passe. « Alors là tu vois, la traversée du premier couloir…. les Mosley-Platte …. l’épaule …cordes fixes …. » j’ai rien capté … je vois juste un immense caillou, raide de partout. La nuit est mauvaise, ça tergiverse pas mal dans mon cibouleau. Pål ronfle comme un bienheureux, on n’est pas fait la même chose lui et moi !


Nous avons la chance de n’être que 20 à la cabane ce soir là, nous n’avons donc pas droit à la foire d’empoigne pour sortir de la cabane. Tout se passe dans le plus grand calme et c’est parfait ainsi, j’en ai bien besoin. Je sais que le plus dur sera le départ, j’ai toujours du mal à me mettre dans le rythme et cette fois là ne fait pas exception. Une fois passé les premières cordes, ça commence à aller mieux. Pål et Bertrand passent devant, je ne les reverrai plus pendant un bout de temps. Rapidement le jour se lève, c’est magnifique.
Nous ne sommes pas encore à Solvay, mais de loin pas, lorsque le seul guide de Zermatt fait demi-tour avec son client. Pas assez rapide.. pauvre gars, il doit être dégoûté. Moi je continue à mon rythme d’escargot obèse, avec Gérald qui m’encourage et me dit qu’on n’est pas pressés, qu’il va faire beau encore toute l’après-midi, et qu’on peut dormir à Schwarzsee si on loupe le dernier télé. Après 2h30 de marche nous arrivons à Solvay, où nous faisons une pause. L’escalade est vraiment plaisante, cela grimpe tout le temps finalement.


Nous mettons les crampons à l’épaule, alors que nous croisons deux cordées qui arrivent de l’arête italienne. Ils nous disent que 70 personnes étaient au refuge Carrel hier soir et que c’était le chaos total. On veut bien les croire !
Je dois pas mal batailler dans les cordes fixes du haut, on sent qu’on est à plus de 4200m et le souffle commence à se faire court. Dans les dernières cordes, je croise Pål et Bertrand qui redescendent ! Ca me fiche les larmes aux yeux de les voir et de savoir que Pål a réussi, lui qui tenait encore plus que moi à gravir ce sommet. C’est aussi le moment où pour la première fois je me rend compte que moi aussi, sauf gros pépin, je devrais y arriver.
Les dernières centaines de mètres se passent comme dans un rêve, j’adore ces terrains raides en neige dure, j’ai retrouvé un second souffle. Je lève les yeux et je vois deux gars au sommet, c’est tout près.
Ca y est. Je suis au sommet du Toblerone ! J’aurai mis le temps, près de 6 heures, mais j’y suis arrivée. Avec l’aide d’un guide génial biensûr, qui a su m’encourager et me motiver.



La moitié de la course est faite, je reste super concentrée pour la descente. Un pas après l’autre, en m’assurant plutôt trop que pas assez (n’est-ce pas Gérald ? :-D) nous progressons. Nous refaisons une pause à Solvay, il est 14.00 et je n’ai rien avalé de la journée. Après avoir croqué une morce, on repart. C’est clair que c’est mort pour la dernière benne, mais tant pis. Je ne vais pas vite, mais je suis capable d’aller longtemps, donc une petite descente sur Zermatt ne me fait pas peur. Pål nous attend à la cabane du Hörnli, Bertrand est déjà reparti.

Après une petite panaché de circonstance, nous entamons la descente sur Zermatt. Je me retourne plusieurs fois pour voir d’où je viens, je n’arrive pas trop à réaliser… La fatigue, les douleurs, les crampes, je ne ressens plus rien de tout ça. Juste le grand bonheur d’avoir réalisé un de mes rêves de gosse.
On avait pris les vélos à Schwarzee pour s’éviter la descente à pied 😉 (et en plus que maintenant y a les vélos électriques… pour ton prochain Cervin, si des fois!)