Non mais des choses pareilles ! Quelle course !
C’est enfin l’heure de notre sortie estivale avec Manu. Il a neigé la semaine passée et notre idée d’aller toucher le granit uranais a bien failli passer à la trappe. Mais le gardien de la cabane nous dit que ça a déjà bien fondu et que la course devrait pouvoir se faire et c’est plein d’entrain que nous nous tapons les 3 heures de route jusqu’à Göschenen. Manu et Pål se lancent dans un concours de blagues du style « Salbit toi-même », mais qu’est-ce qu’ils sont drôles.
Il fait super chaud dans la montée à la cabane et je suis déjà au bout de ma vie après 20 minutes. Ça promet. Heureusement, le chemin passe par des étendues de champs de myrtilles et je perds rapidement les garçons, pliés en deux à la recherche des petites baies bleues. J’en profite pour refaire mon retard.


On tire parti de l’après-midi pour aller faire une jolie voie de 4 longueurs derrière la cabane. C’est coté 4c, on décide de la faire en grosses…. Idéal pour se faire peur et se rendre compte 1) que la grimpe en granit, on est complètement nuls (enfin je dit « on » …. surtout moi quoi) et 2) les cotations uranaises sont une grosse arnaque. Mais enfin, avec Manu devant et la corde bien tendue, on arrive en haut bien contents quand même.





Je vais me coucher tôt en essayant de rester optimiste pour le lendemain.
6h20, départ de la cabane. L’approche est sympa, d’abord sur un sentier puis on remonte un couloir. On attaque la première longueur, cotée 4c. Je n’hésite pas une seconde et mets mes chaussons. Je n’ai pas fait 20 mètres que je tombe comme un sac et me met un joli pendule. Mes premiers (et de loin pas les derniers) bleus de la journée ! Les longueurs ne sont vraiment pas données, j’ai du mal à m’habituer au style de grimpe et à comprendre les mouvements.
Avant que nous arrivions au sommet de la Zahn, un hélico vient nous tourner autour. Manu, dont le talent de menteur est inversement proportionnel à son talent de guide, essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un exercice. Ce n’est bien évidement pas le cas et je suis un peu choquée dans je vois notre voisine de table de la veille se faire hélitreuiller. J’essaie de reprendre mes esprits et de me rappeler la chance que j’ai d’être ici.










Je commence à m’habituer au rocher et à prendre un sacré plaisir. Tant mieux, parce que c’est maintenant que nous arrivons au crux, une longueur cotée 5c+ et qui, bizarrement, ne me paraît pas plus dure que les autres. Si je devais coter la voie je mettrais 5c tout le long d’ailleurs.









15 longueurs…. les deux dernières sont géniales, on est bien contents d’arriver en haut. J’ai des sueurs froides quand je vois la neige dans la descente. C’est pas un peu de neige, il y a au moins 20-30 cm de neige mouillée, ça va être la galère. On va quand même voir la fameuse aiguille sommitale, mais il est déjà 15 heures et aucun de nous n’a vraiment envie de « perdre » du temps à le gravir après avoir vu ce qui nous attend dans la descente.
On attaque la désescalade sans traîner. Les crampons et les piolets sont dans le coffre de la voiture, autant dire que nous sommes bien prudents et progressons lentement. Il y a de la neige jusqu’à la sortie de la gorge, où nous pouvons enfin nous désencorder. On arrive à la cabane à 18h et filons à la voiture. Quel bonheur de mettre des baskets.
Nous partons tout de suite à Tiefenbach où nous sommes accueilli comme des potes alors que je n’étais venue qu’une seule fois il y a 5 ans ! Une bonne douche et un bon repas plus tard, il n’y aura pas besoin de me bercer ce soir.
Coucou magnifique récit que de sensations bravo à vous deux 😘😘
5c tout du long…j’y avais pensé aussi mais je n’osais pas le dire de peur de passer pour un rigolo…là au moins on sera deux ! Dommage pour le Gipfelnadel, ça fait des super photos – faudra revenir par l’arête W, au rythme des progrès que tu fais ça sera peut-être jouable dans quelques années ! Je viendrai vous regarder d’en bas, ça me rappellera mes jeunes années héroïques…
Y a encore de la marge de progression 😀 Bisous vous 4 !