Trek d’Appenzell au Tessin, part 1

Je ne sais plus vraiment comment l’idée à germé… Mais j’ai décidé de me balader entre Appenzell et le Tessin. J’avais déjà fait des petites randos de quelques jours seule et cette fois, j’avais un peu plus de temps à disposition. Par contre, je n’avais pas envie de me lancer sur un chemin type « Via Alpina » ou « Saint Jacques », mais plutôt de composer mon propre itinéraire et de traverser des massifs que je ne connaissais pas du tout. Petit à petit et après quelques recherche, les grandes lignes du tracé ont pris forme.

Samedi 25 juin

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Mon sac fait 6kg, j’ai essayé de limiter un max les trucs inutiles. J’emporte un petit piolet alu, il paraît qu’il reste de la neige assez bas.

Se rendre à Appenzell depuis le Chablais relève déjà de l’expédition et il me faudra 6 heures pour rejoindre cette bourgade de suisse orientale. C’est mignon tout plein comme bled, mais j’ai hâte de retrouver les montagnes. Je ne m’attarde pas et file, pleine d’entrain et d’énergie, le long de la Sitter jusqu’à Wasserauen. Le temps est couvert mais agréable. Je suis super heureuse et excitée par cette nouvelle aventure. C’est génial d’avoir du temps devant soit et la liberté d’en faire à peu près ce qu’on veut.

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Après Wasserauen, le sentier commence enfin à monter et une petite heure plus tard, j’arrive à Seealpsee, un magnifique lac de montagne avec la vue sur le Säntis, paraît-il. Première panach’ sur la terrasse avant de me faire chasser par l’orage. Le Berggasthaus Seealpsee et très sympa, il y a des chambres et des dortoirs et même une douche. Pour le souper, j’ai droit à une magnifique truite de la région, un régal.

Je vais me coucher avec les poules après avoir revu à la baisse mes ambitions pour le lendemain. Le patron de l’auberge m’annonce qu’il y a encore vraiment beaucoup de neige et qu’à sa connaissance, personne n’est encore monté au Säntis cet été par l’itinéraire que j’avais prévu. Il n’est même pas sur qu’il soit possible de passer par le Rotsteinpass. Je décide de tenter quand même de passer par le col. Tant pis pour le sommet, cela sera pour une prochaine fois !

Dimanche 26 juin

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Il fait dégeu de chez dégeu. On ne voit pas le talu d’en face, il pleuvine. J’enfile mon pantalon de pluie et ma goretex et protège mon sac avec le sursac. Il n’y a pas de mauvais temps mais que des mauvais habits, comme dit ma belle-mère !

Aujourd’hui, c’est la première vraie étape et j’ai envie de courir ! Je ne peux pas vraiment profiter du paysage, la visibilité est réduite à quelques mètres. Mais pour l’instant le sentier est bon et le marquage fréquent, aucun risque de se perdre. Le sentier entre Seealpsee et Megisalp est par endroit taillé dans la roche, toujours bien protégé, c’est vraiment sympa. Je croise un Monsieur qui me demande où je vais et quand je lui répond « Wildhaus », il me dit que cela ne passe pas. Mais lui même n’a pas essayé et s’est arrêté à Megisalp, je ne prend donc pas son information au pied de la lettre et décide d’aller voir par moi-même. Je pourrais toujours faire demi-tour par la suite.

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Après Megisalp apparaissent les premiers névés. Dès 1800 mètre d’altitude, ce n’est plus qu’un champs de neige. La visibilité étant toujours réduite à quelques mètres, je béni intérieurement l’inventeur du GPS qui me permet quand même de savoir à peu près ou je me trouve et où je suis censée aller. Le passage d’un névé méchamment pentu entre deux barres de rocher me pose quelques soucis. La partie très raide est en neige inconsistante, je fais quelques pas mais rebrousse chemin. Je trouve un bout moins raide, mais très gelé… pareil… je vais quelques pas avant de revenir en arrière… j’ai les boules sans crampons, mon pauvre piolet ne pourrait pas retenir une chute dans cette pente. Finalement j’essaie de tailler des marches dans la partie glacée, comme on m’avait appris à le faire au cours d’alpi… Ca marche ! Une fois la glace pilée sur une surface à peu près plane, ça tient parfaitement. Bon ok, c’est pas super rapide ! Mais pas à pas, j’arrive à sortir de se passage. La suite est facile jusqu’au col.

Je m’arrête boire un Schorle à la cabane, bizarrement je suis la seule cliente 😀 ! La pente de l’autre côté est nettement plus débonnaire et je profite de me rutscher sur les névés. Il a enfin arrêté de pleuvoir et je peux profiter d’admirer les belles prairies jusqu’à Wildhaus.

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Lundi 27 juin

Le plan initial était de monter au Chäserrugg et de descendre sur Walenstadt par le Valsloch, mais cela ne me paraît pas être une super idée au regard des conditions actuelles. Je me décide de faire le tour par les alpages de Hinter Witi et Germil et passer le col de Nideri, quand même nettement plus bas. La distance est plus longue, mais le parcours est plus sur.

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Il fait sec et même plutôt beau. On voit toute la vallée du Rhin, c’est cool. Le chemin est une route d’alpage un peu monotone, mais au moins pas besoin de trop réfléchir. Seuls les derniers mètres avant le Nideripass demandent un peu plus d’attention, mais ils sont très bien équipés avec une chaîne.

S’en suis l’interminable descente sur Lüsis puis Walenstadt, c’est vraiment bien raide. Je croise deux chamois qui n’ont pas de courbatures dans les quadriceps, eux ! A Lüsis, sorte de village fantôme, je m’arrête pour remettre de la NOK sur mes pauvres pieds. Si je veux pouvoir continuer, ce n’est pas le moment de choper des cloques.

Le point de vue sur le Walensee est génial, heureusement, ça fait presque oublier le mal au pieds. A Walenstadt, il fait bien chaud et je m’offre une mega glace pour fêter ma journée !

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Mardi 28 juin

Jour de repos ! Je décide de prendre le télécabine jusqu’à Maschgenkamm pour m’éviter une montée chiante en forêt (je déteste ça si jamais, les marches en forêt … à part en automne). Deux heures pépère pour rejoindre la cabane Spitzmeilen.

Alors que je profite du soleil sur la super terrasse de la cabane, j’entend deux filles parler en français, et comme c’est tellement rare, je leur fait signe de venir s’attabler avec moi. Le visage de l’une des deux me dit vaguement quelque chose et au fur et à mesure de la conversation, on se rappelle que nous avions fait une course ensemble au Pigne de la Lé il y a des cela quelques années. Trop chouette.

La cabane de Spitzmeilen est vraiment sympa et les nouveaux gardiens sont adorables. Après en avoir discuté avec eux, je me décide à tenter d’aller au sommet du Spitzmeilen le lendemain.

Mercredi 29 juin

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Je pars avec Jacqueline et Camille, mais bientôt nous nous séparons. Elles partent sur Weisstannen et moi je remonte la crête du Schönegg en direction du sommet. Le début de la crête est bien enneigé, mais avec un piolet cela passe sans soucis. En arrivant sous le bastion sommital, la suite me semble compromise à cause d’un gros névé bien raide qui bouche le début du couloir. La suite à l’air sèche… C’est con quand même. La neige est bonne, pas trop dure, j’enfonce juste ce qu’il faut. Lentement, un pas après l’autre, j’arrive au sommet du névé et, sans élégance aucune, passe le trou béant entre la neige et la roche. Ouf… j’abandonne mon piolet. Depuis là, la chaîne est visible. Les trois premiers mètres sont vraiment super raides et j’hésite encore une fois à faire demi-tour. Quelle nouille, les pas ne sont pas durs, c’est juste que je n’aime pas ne pas avoir droit à l’erreur. Je monte 50 cm, je redescend …. bon finalement je me lance, en faisant attention à avoir toujours de bonnes prises.

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Et youpiie, je suis au sommet ! Bon pour dire la vérité, je n’en ai pas vraiment profité parce que rien que de penser à ce que je devait redescendre, j’en avais des sueurs froides.

Evidemment tout s’est bien passé, je récupère mon barda laissé au pied du couloir et reprend le chemin où je l’avais abandonné. La suite passe par le sommet du Wissmilen et descend ensuite une arête assez escarpée jusqu’au Wissmilenpass. Il y a des tonnes de neige, je m’enfonce parfois jusqu’aux cuisses. Mais la visibilité est bonne et il n’y a aucune difficulté d’itinéraire.

Je décide de descendre sur Engi puis Schwanden. Je suis dans le canton de Glaris, je crois, pour la première fois de ma vie. Et pour la deuxième fois de ce trek, je n’ai croisé personne de la journée.

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Jeudi 30 juin

La première partie de la journée consiste à rejointe l’Oberblegisee. Il ne fait pas très beau, mais pour l’instant il ne pleut pas. Le lac est beau, mais je ne suis pas assez réchauffée pour m’y baigner.

La brume m’empêche de profiter de la vue et ça me frustre. Je fais quelques photos de fleurs et attendant que cela se découvre, mais cela ne s’ouvre pas. Finalement je me décide de rejoindre Gumen où il y a un restaurant d’altitude avec des dortoirs. A peine arrivée, un orage dantesque se déchaîne. J’ai bien fait de ne pas trop traîner. Je suis seule à passer la nuit là-bas et le patron me demande ce que je veux pour souper… « – Ben ch’sais pas, n’importe quoi, je ne suis pas pénible ! » « -un cordon bleu, des frites et de la salade, ça te va ? » Cool ! En plus il y a une douche chaude comprise dans le prix et plein de place pour faire sécher les affaires. Une bonne adresse.

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Vendredi 1er juillet

Je quitte Gumen sous un soleil radieux. Après une courte montée jusqu’au col répondant au doux nom d' »Untere Butzi » puis de traverser le plateau karstique de Charetalp. Là aussi et ce n’est maintenant plus une surprise, beaucoup de neige. Heureusement il est encore tôt et la neige est dure, il faut que je profite d’avancer avant que cela fonde. Par la suite, à la hauteur de Charetalphüttli, il y aura bien moins de neige et je peux alors profiter pleinement du paysage. Je fais une longue pause au soleil et pleins de photos, avant de passer le dernier col pour rejoindre la cabane de Glattalp.

Il est encore tôt et j’ai tout l’après-midi pour profiter de la terrasse. Franziska, la gardienne, est adorable. Elle me donne une brosse et du savon pour laver mes affaires qui auront tout le temps de sécher au soleil. Encore une fois, après n’avoir croisé personne de la journée, je suis seule dans mon dortoir, que du bonheur !

La suite ici !

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