Magnifique séjour entre les cantons d’Uri et du Tessin, une sacrée découverte pour notre part !
Pour le reste je laisse la parole à notre copain Eric:
« Notre escapade pour le Tödi ne se présentait pas sous les meilleurs hospices, la faute en revenant à une météo cyclothymique et une neige peu amène. Mais après quelques jours (et nuits) de cogitation, Stefano nous a trouvé plan B qui s’est avéré tout aussi pertinent, pour le peu que je puisse en juger. Le Tödi peut attendre, nous y reviendrons, sans aucun doute, plus tard.

La Dent de Valerette m’avait fait découvrir la peau de phoque et la joie d’arriver à un sommet, le Wildhorn était une promenade plus ambitieuse avec une première expérience en refuge et une descente au milieu de nul part. Cette course sera ma troisième randonnée à skis avec de gros doutes sur ma capacité à affronter ces quatre jours étant donné une expérience plus que limitée mais, connaissant les membres du groupe, cette opportunité ne pouvait être manquée. J’allais assurément découvrir de nouvelles facettes de la montagne.
Nous nous sommes retrouvés à Realp le jeudi matin, certains d’entre nous ayant passé la nuit à Andermatt dans une charmante auberge. Contrairement aux prévisions météo, nous démarrons la journée par un soleil magnifique qui nous accompagnera jusqu’au dernier jour.
Cette première matinée devait nous conduire au refuge « Rotondohütte » qui nous servira de camp de base pour la durée du séjour. La montée a été l’occasion de s’entrainer à faire des conversions pour mieux préparer les randonnées des jours suivants. Nous arrivons après quelques heures de promenade à une charmante cabane gérée par une toute aussi charmante gardienne qui contribuera à la réussite de ce séjour.

La deuxième journée va permettre à certains de chausser les crampons et grimper à l’aide d’un piolet. On monte le col du Leckipass puis on dépose les skis et on attaque la montée du Leckihorn. Pour ma part, c’est une première et ma maladresse invite notre chef de course à m’encorder. La montée du premier sommet est physique mais sans appréhension si ce n’est une légère inquiétude sur la manière de redescendre mais on me répond que c’est plus facile que çà en l’air, je continue donc dans une certaine confiance jusqu’au sommet.

L’arrivée au sommet est toujours l’occasion d’embrassades, heureux que nous sommes de partager sa joie d’y être arrivé. La vue sur les montagnes qui nous entourent est toujours aussi magique. Chacun nomme les sommets qu’il reconnaît et je me demande à quel moment j’arriverais à en citer ne serait-ce qu’un seul. Tout se ressemble pour mes yeux de néophyte.
La descente se fait effectivement bien plus facilement que ce que j’avais imaginé et si à l’aller je m’arrêtais pour reprendre mon souffle, je m’arrête maintenant pour profiter pleinement de chaque instant. Arrivé au niveau du col nous entamons une deuxième montée pour grimper sur le sommet qui nous fait face. L’ascension est plus caillouteuse et j’ai encore dans la tête les images de la précédente.
Nous enlevons les peaux et redescendons à ski jusqu’au refuge car le lendemain est prévu pour être une grosse journée.

Nous partons très tôt le matin du troisième jour car nous devons arriver en haut du Pizzo Pesciora et redescendre avant que la neige ne soit trop fondue par le soleil. La montée se fait sans trop de difficulté puis nous continuons avec les skis sur le dos jusqu’au pied du sommet. La montée dans la neige est un peu plus dure que la veille et l’ascension dans les rochers demande plus de technique mais l’assurance de la corde et de celui qui la tient efface toute crainte.

L’arrivée au sommet est encore meilleure que la veille car la joie est proportionnelle à la difficulté et cette relation particulière, ce mélange de peine et de joie, est certainement la raison qui nous pousse à aller toujours plus loin et surtout toujours plus haut.
La descente à travers les cailloux se fait prudemment, je descends en prenant le temps de jauger le bon chemin jusqu’au retour à la neige où je pars « droit dans la pente » après quelques difficultés de compréhension qui me valent rires et une pointe d’agacement du chef de course. La descente face à la pente se fait doucement jusqu’à ressentir la solidité de la marche d’escalier que mon pas est en train de sculpter dans la neige et qui me donne toujours plus d’assurance.
Nous rangeons notre matériel afin de remettre nos skis pour la première partie de la descente mais le premier virage s’avère laborieux car mes jambes me font défaut et je ressens une douleur intense au niveau des cuisses. La somme des efforts fournis, occultée par l’exaltation de toutes ces découvertes, se font maintenant ressentir. Le retour au refuge se fait difficilement et pendant que mes compagnons dessinent de jolies courbes dans la neige, je défigure la neige vierge par d’affreux zigzags.

Le quatrième jour est le jour du retour et certainement le plus difficile pour moi, non seulement pour la difficulté à descendre à ski mais surtout par la crainte de décevoir les membres de l’équipe en les empêchant de passer par un quatrième sommet. Finalement on redescendra à cause d’une météo peu clémente, version officielle qui aura la délicatesse de ne pas me faire porter le poids du raccourci.
Il peut être difficile de comprendre que ce qui est plus important que sa passion est d’abord le partage de cette passion, cette joie de faire ressentir ses émotions et la crainte d’en écœurer les autres. Si j’ai pu découvrir quelques techniques de montagnes, la véritable découverte aura été l’esprit qui anime un groupe dans la montagne et la cohésion indéfectible qui amène tout le monde au plus haut, pas toujours jusqu’au sommet mais, dans tous les cas, toujours ensemble.
Eric