Air Glaciers, on a (malheureusement) testé pour vous !

J’ai attendu quelques temps avant d’écrire et de publier cette histoire. Attendu surtout que la principale protagoniste malgré elle de cette mésaventure soit sur la bonne voie de la guérison.

Evidemment, tout avait bien commencé: une belle journée dans les Alpes Vaudoises avec les copains du boulot, les retrouvailles avec mon pote Laurent avec qui j’avais fait une partie de ma formation au CAS et qui a eu la bonne idée de venir bosser chez nous, une neige pas mal sur le haut, une météo agréable et évidemment une bande de collègues qui sont surtout des amis et avec qui la journée ne pouvait que bien se passer.

On est monté au Plan de la Douve depuis Gérignoz. La montée s’est passé comme sur des roulettes, même si les conversions dans la partie raide du haut ont demandé pas mal d’énergie et de concentration aux personnes moins habituées à ce genre d’exercice. Le gymkhana pour enlever les peaux à 7 sur quelques mètres carrés très mal plats du col et les premiers virages dans le haut du couloir ont usé pour certains pas mal d’influx nerveux. Alors quand après avoir fait du très beau ski dans le haut, nous avons fait une petite pause et sorti le casse-croûte, on était tous d’accord pour se dire que le pire était largement derrière nous.

Requinqués, nous avons remis les peaux pour grimper sur la bosse de la Tête de Minaude. La neige est carton et notre chef de course sonne le rappel des troupes. On entame la dernière descente, vraiment pas raide, dans une neige vraiment dégeu. Le carton est super épais et presque tout le monde se casse la figure, sans gravité. Je ferme la marche et les aide à se relever dans un grand éclat de rire. Parfois on choisit de faire des conversions plutôt que des virages, c’est dire.

Alors quand j’arrive vers Josiane affalée dans la neige, je ne suis pas spécialement inquiète. Pourtant tout de suite j’entends au ton de sa voix qu’il y quelque chose d’inhabituel. Elle a perdu un ski et essaie de se mettre debout mais crie de douleur: c’est sa cheville. Le (très) mauvais temps est annoncé pour la fin de la journée et c’est déjà couvert, si on veut appeler les secours il faut le faire sans tarder.

A l’évocation de l’hélico, Josiane dit que non, elle va essayer de skier. Je lui remets le ski (avec toute la douceur qui me caractérise, j’ai donné un gros coup de poing sur sa chaussure pour la faire rentrer dans les inserts…. elle n’a pas bronché, cette femme est magnifique). Une fois le ski en place, elle se rend rapidement compte que c’est impossible de ne serait-ce qu’amorcer un virage. On oublie. Laurent appelle le 1414, j’enlève les skis de Josiane, l’assieds sur son sac et on lui met toutes les vestes qu’on trouve.

Après une mini tergiversation où l’appel de Laurent a été redirigé chez les pisteurs de Gstaad (?), on nous rappelle rapidement pour nous dire que l’hélico est en route.

Pål prend en charge tous les participants et entame la descente. L’hélico arrive très rapidement, on a juste eu le temps de tout attacher avant de se faire plaquer au sol par le souffle de la machine. On a beau savoir que c’est violent, il faut l’avoir vécu pour savoir ce que cela fait. Je n’arrive même pas à garder les yeux ouverts.

Le médecin saute de l’hélico et celui-ci redécolle. Le toubib annonce à Josiane qu’ils vont devoir l’emmener avec le treuil, moi ça m’aurait fait pleurer mais elle, elle dit: « pas de problème » ! Il lui met une attelle gonflable et un baudrier, rappelle le pilote qui arrive droit sur eux avec son treuil et pouf… ils sont loin !

Après toute cette agitation, Laurent et moi on reste là comme deux cons, dans un silence assourdissant. Bon ben c’est pas tout ça, mais faut penser à redescendre. Les skis de Josiane sur mon sac, son sac et ses bâtons sur le dos de Laurent, c’est parti pour Gerignoz où le reste de l’équipe qui nous attend sur le parking.

On va tous boire une bière à Château d’Oex en attendant des nouvelles de notre Josiane, tout le monde a besoin de parler, de débriefer, de se demander ce qu’on a fait faux, de comment on aurait pu éviter cet accident, ça chauffe les méninges. Finalement le consensus collectif est arrivé à la conclusion que c’était la faute à pas de chance, mais plusieurs semaines après cela me travaille encore.

Josiane va bien aujourd’hui, elle avait une fracture de la malléole, s’est fait opérer une semaine plus tard et prend son mal en patience dans un magnifique plâtre. Aux dernières nouvelles, il semblerait que la saison de vélo soit sauvée, youpiie !

J’aimerais ici saluer l’efficacité, la gentillesse et le professionnalisme des sauveteurs. En l’occurrence, c’était les gars de la base d’Air Glaciers à Saanen qui sont intervenus, mais mon petit doigt me dit que si c’était ceux d’Air Zermatt ou de la Rega, ont aurait été logé à la même enseigne. Ils sont tellement efficaces, je n’en reviens toujours pas. Entre le moment du premier appel et le départ dans les airs, il s’est écoulé 27 minutes. Et tout cela avec un calme olympien et une modestie incroyable. (les dirigeants qui crient et gesticulent sans aucun effet pourraient en prendre de la graine, mais je m’égare). Merci. Vraiment.

1 commentaire

  1. Quelle aventure pour Josiane et vous tous! Bonne convalescence et rééducation en pédalant …. Mais patience avant tout.
    Merci pour ton reportage et bonne continuation sur de la neige acceptable surtout. Merci à la REGA quand on lit leur gazette, quand on voit des reportages à la télé, le dernier article dans le journal de la Coop ou Migros, ce sont de belles et efficaces personnes. Ciao ciao

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