Traversée Morgehorn – Blüemlisalphorn

Sortie 2023 avec Manu, enfin ! On s’appelle quelques jours avant, les alpes valaisannes viennent de se prendre 60cm de neige. « Oublie les 4000, c’est la merde ! Tu veux faire quoi ? » qu’il me demande. Je passe à toute vitesse ma liste excel de mes souhaits (j’en ai une vraie, et une dans ma tête), je sors deux trois idées, puis j’évoque ce Blüemlisalp, sans grandes convictions car il me semblait me rappeler que c’était plutôt une course de début de saison. « Ah ouai bonne idée ! » qu’il me répond. Bon ben gaz alors !

Je n’ai lu aucun compte rendu pour ne pas psychoter, ça marche pas mal. Le corolaire, c’est que je n’ai aucune idée à quoi m’attendre, je me laisse vivre. On prend la cabine depuis Kandersteg pour gagner quelques mètres de dénivelé et on commence à marcher dans un décors de cartes postales, au milieu des influenceuses en crop top et poses ridicules (Elise ma poulette, tu aurais adoré 😅🤣) . Le chemin finit par grimper franchement et là, c’est nettement plus calme. On arrive à la cabane après quelques heures de marche pour le meilleure moment de la journée: un schorle glacé sur la terrasse. On a aussi une belle vue sur ce qui nous attend le lendemain. Une cordée arrive à 18h après 14 heures sur l’arête. Ah ouai quand même.

Une bonne plâtrée d’Älpler Macronen réconfortante et un coucher de soleil de toute beauté me font oublier mes craintes et je file me coucher.

P’tit déj à 4.00, 30 minutes plus tard, on est prêts au départ. A peine 5 minutes de marche sur un chemin et c’est déjà l’heure d’enfiler les crampons et de mettre la corde. Le glacier est recouvert de quelques centimètres de neige mais évidemment, début septembre il est déjà bien ouvert. Manu imprime un rythme super et les deux premières heures de marche sur le glacier passent à toute vitesse. Au lever du jours, on aperçoit la pente de glace qui mène au sommet du Morgehorn. ‘Tain, c’est quand même raidos. On tire 3 longueurs, Manu court en haut avec ses deux piolets tandis que je peste d’en avoir pris qu’un (comme quoi lire les topos, ça peut avoir du bon …🙄) je râle que j’ai mal aux mollets et je chiale que j’ai la trouille. Sinon c’est génial. On arrive au sommet avec les premiers rayons du soleil et la vue sur le plus beau canton du monde, c’est le rêve.

La suite jusqu’à la Wyssi Frau est nickel et sans grandes difficultés, c’est après que les choses sérieuses commencent. Forcément à cette période de l’année il n’y a plus beaucoup de neige et il y a pas mal de passage d’arête bien exposés en rocher médiocre. Bon ça c’est la version polie à tête reposée, en fait y avait des tas de passages en grosse chaille de merde improtégeable. Mais ils étaient judicieusement entrecoupés de beaux passages de grimpe dans du rocher presque bon qui nous redonnait le sourire. La montagne est bien faite.

Un nouveau passage en glace raide juste avant le sommet et on est arrivé au sommet du Blüemlisalp ! La vue sur la lac d’Oeschinen est incroyable, si j’avais eu un crop top je vous aurais fait une photo 😂. Mince alors.

On entame la descente, en neige et en chaille d’abord, puis on enlève les crampons pour une belle desescalade sur un bon rocher. On est arrivé au col qui avait l’air ultra raide depuis la cabane. Bon en fait ça va pas trop mal, en tout cas c’est moins raide que je l’avais imaginé. Mais je me fait quand même une petite glissade dans un moment d’inattention. Il nous reste à marcher sur un glacier, un autre que le matin mais pas moins crevassé. Je me demande comment on va sortir de se labyrinthe mais je ne m’inquiète pas. Y a qu’à suivre Manu. Trop bien.

On arrive à la cabane vers 14.30. On avait évoqué la possibilité de passer une deuxième nuit là, mais l’appel de draps propres et d’une douche à Kandersteg est plus fort. Freude herrscht ! Fooormidable ! C’est parti pour 2h30 de descente, Manu pendu au téléphone, Pål et moi haletants et au bout de notre vie à essayer de le suivre. Depuis le lac on a le choix entre remonter 100 m jusqu’à la cabine ou descendre 300m. Les garçons remontent, je n’ai plus la force de protester; je me retourne quelques fois pour voir d’où on vient et les paroles de Polo Hofer me trottent dans la tête… Blüemlisalp ire Summernacht, Nachdäm i ha e Bärgtour gmacht 🎶 Désolée pour les non Suisse-Germanophiles, c’est un ultra classique et je ne m’étais jamais imaginé à quoi il faisait référence, mais maintenant je sais !

Merci à Manu de nous emmener en sécurité dans des endroits pareils, on est vraiment des veinards.

3 commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.