Dammastock

Sur le papier, notre idée de départ était grandiose : profiter de la fin d’après-midi du samedi pour aller se balader sur le glacier du Rhône et poser un bivouac à mi-chemin; ensuite se délecter du magnifique coucher de soleil et reprendre la marche en direction du Dammastock le dimanche matin, toujours avec un temps radieux.

Amis des plans foireux, bonjour ! Tout cela a bien failli tourner à la sortie loose de première : déjà, notre remontée de la vallée de Conches a été stoppée nette à Münster par le Tour de Suisse. Ce n’est pas comme si je bossais depuis des années pour le sponsor principal … je n’ai même pas pensé à vérifier le programme. Rien à faire, il nous faut patienter 1h30 jusqu’à ce que ces braves Messieurs aient fini leur course.

Après avoir donc pris mon mal en patience (ma grande spécialité comme chacun le sait…) on arrive au Belvédère et on s’équipe vite fait sur le parking. (On s’équipe vite fait=on oublie la moitié des trucs dans le coffre…) et on descend sur le glacier et sa grotte recouverte de bâches, tentative pathétique de sauver non pas le glacier, encore moins le climat, mais cette attraction très rentable pour touristes en tongs. Passons notre chemin.

Après quelques centaines de mètres nous nous retrouvons seuls au monde. Et pour cause : qui aurait l’idée de se balader sur un glacier, à 19h, sous la pluie ??? Parce que oui … le beau temps annoncé pour la soirée est aux abonnés absents.

On marche deux bonnes heures, jusqu’à ce que la luminosité décline et que je me rende compte que nos lampes frontales sont dans le coffre de la voiture. On plante la tente pendant qu’on y voit encore quelque chose. Après avoir avalé nos lyophilisés, la pluie redouble et nous filons nous coucher. Mais ça serait trop facile de finir la journée comme ça ! Evidemment mon matelas gonflable à un trou !!! Ce machin je le traîne depuis des années sur tous les cailloux du Valais, il est increvable. Sauf que je l’ai prêté à des gamins, et voilà dans quel état il revient. Je suis assez furax. Et si jamais, le glacier c’est super froid. Pål, dans sa grande gentillesse, me propose de partager le sien, sauf qu’après quelques heures je dors comme une bienheureuse sur son matelas bien gonflé et que lui dort par terre ….

A 4h45 il fait enfin assez jour pour mettre fin à cette nuit horrible, mais le beau temps n’est toujours pas de la partie. Il a au moins arrêté de pleuvoir quand on replie la tente.

La montée se passe super bien, c’est très peu pendu et l’absence de difficulté permet de laisser son esprit divaguer à d’autres occupations. Le moment où les derniers nuages se déchirent pour laisser place à un soleil éclatant est trop jouissif. On sait enfin pourquoi on est venu là ! On admire le Cervin, le Weisshorn, le massif du Mont Rose, et plus proche le Finster et la région de Rotondo.

On fait un premier petit stop au Schneestock avant d’aller au Dammastock. Pas besoin de dépauter entre les deux, la différence d’altitude est minime. Le Dammastock est le sommet le plus haut du canton d’Uri, le regard plonge sur Göschenen et son lac de l’autre côté. Sur le glacier du Rhône, des dizaines de personnes font route vers le sommet. On leur laisse donc la place et profitons comme des gamins de cette délicieuse poudreuse du 23 juin 2019 ! On se régale. La montée sous la pluie, le matériel oublié et la nuit sur le matelas troué sont oubliés !

On s’arrête pour récupérer nos affaires dans la descente et pique-niquer avant de filer à la voiture pour repartir avant le départ du Tour de Suisse cette fois. Ouf !

Saison de ski 2018/2019: The End !