C’est notre dernier jour de la campagne 2020 avec Manu. Le soir d’avant, nous avions passé une soirée top autour d’une fondue en compagnie des gardiens de la Baltschiederklause en écoutant le mauvais temps se déchaîner dehors. J’avais franchement pas trop d’espoir que l’on puisse faire quelque chose avant de redescendre dans la vallée, mais contre toute attente, c’est un soleil radieux qui nous a accueilli au petit matin.
Manu nous convaint d’aller faire « Radio Rottu », une voie en trad pas trop loin de la cabane. Ça me paraît un peu dur pour mon petit niveau et mon petit moral de cet été, mais Pål est hyper motivé. Alors on y va ! Le crux de la journée, à mon avis de glandeuse en second, a été de trouvé le début de la voie. C’est vrai, sérieux, on reconnaît comment une voie qui n’a pas d’équipement ?
Manu fini par repérer un spit au moins 3 km au dessus de nos têtes… et surtout le relais pour la descente. Les deux premières longueurs sont nickels, j’ai du plaisir ! On attaque la troisième longueur, la première 5c et ça va toujours ! Dingue !
Bon la 4ème, avec « une magnifique fissure à doigts », me pose un problème existentiel: Soit je coince les doigts et ça fait un mal de chien, mais ça tient plus ou moins…. soit ça ne fait pas mal, mais ça tient rien du tout. Faut quand même être tarés pour faire un sport pareil !






Il y aura quelques autres de ces fissures par la suite, mais moins pire que la première. On a une profonde admiration pour Manu, son sens de l’itinéraire et la façon dont il grimpe et se place. On a beau se rappeler que c’est son métier, on trouve qu’il a quand même la classe ce p’tit jeune !

On descend en rappel en coinçant une fois la corde, sinon ça ne serait pas drôle, et on passe prendre les quelques affaires laissées à la cabane avant de redescendre. On se prend la pluie et on arrive trempés à l’alpage où on a laissé les vélos. Manu file devant chercher la voiture pour l’amener à la sortie du tunnel, et Pål et moi on part comme des grands en suivant le bisse. On se dit qu’en suivant l’eau, on finira bien par arriver au tunnel. Sauf que cela devient de plus en plus escarpé, avec un vide immense à notre gauche.
– T’es sur qu’on a passé là à l’aller ?
– Mais oui mais oui, je me souviens !
Que dalle oui ! Avec ma technique de vélo complètement naze, je n’aurais jamais passé un chemin pareil. Mais je me laisse convaincre que c’est par là qu’on est venu et on continue. On arrive sur une planche. Une planche avec un vide intersidéral dessous ! Je la traverse, mais je sors le GPS juste après et même que ça ne capte pas très bien avec les tonnes de roches au dessus de nos têtes, je me rend compte que nous sommes sur le bisse de Niwärch ! Un endroit rêvé pour faire du vélo quand on sait à peine en faire ! Donc demi-tour, on rencontre deux chics types qui nous remettent sur la bonne voie et on trouve enfin le départ du tunnel. J’ai rarement été aussi contente de faire trois km de vélo dans le noir dans un tunnel à peine assez grand, mais au moins sans risque de chute ! Manu nous attend tout sourire de l’autre côté et alors qu’on charge les vélos à l’arrière de son pick-up, nous apprend qu’il a fait la même erreur que nous mais qu’il a roulé le long du bisse jusqu’au bout 😉